Clément Sculpteur
Clément Sculpteur
  • La Grande nettoyeuse - sculpture © Clément

    La Grande nettoyeuse - sculpture

  • La Grande nettoyeuse - sculpture (détail) © Clément

    La Grande nettoyeuse - sculpture (détail)

  • Petite Camarde à la faux - bas-relief © Clément

    Petite Camarde à la faux - bas-relief

  • Flora, sculpture © Clément

    Flora, sculpture

  • Flora, sculpture (détail) © Clément

    Flora, sculpture (détail)

  • Flora en rouge - dessin © Clément

    Flora en rouge - dessin

  • Flora en blanc - dessin © Clément

    Flora en blanc - dessin

  • Flora en noir - dessin © Clément

    Flora en noir - dessin

  • L'Aguicheuse - sculpture © Clément

    L'Aguicheuse - sculpture

  • L'Aguicheuse - sculpture (détail) © Clément

    L'Aguicheuse - sculpture (détail)

Camardes

2015 - 2007

« Vit-on jamais au bal une taille plus mince ?
Sa robe exagérée, en sa royale ampleur,
S'écroule abondamment sur un pied sec que pince
Un soulier pomponné, joli comme une fleur.

La ruche qui se joue au bord des clavicules,
Comme un ruisseau lascif qui se frotte au rocher,
Défend pudiquement des lazzi ridicules
Les funèbres appas qu'elle tient à cacher.

Ses yeux profonds sont faits de vide et de ténèbres,
Et son crâne, de fleurs artistement coiffé,
Oscille mollement sur ses frêles vertèbres,
Ô charme d'un néant follement attifé !

Aucuns t'appelleront une caricature,
Qui ne comprennent pas, amants ivres de chair,
L'élégance sans nom de l'humaine armature.
Tu réponds, grand squelette, à mon goût le plus cher !

Le gouffre de tes yeux, plein d'horribles pensées,
Exhale le vertige, et les danseurs prudents
Ne contempleront pas sans d'amères nausées
Le sourire éternel de tes trente-deux dents.

Pourtant, qui n'a serré dans ses bras un squelette,
Et qui ne s'est nourri des choses du tombeau ?
Qu'importe le parfum, l'habit ou la toilette ?
Qui fait le dégouté montre qu'il se croit beau.

Bayadère sans nez, irrésistible gouge,
Dis donc à ces danseurs qui font les offusqués :
Fiers mignons, malgré l'art des poudres et du rouge,
Vous sentez tous la mort ! Ô squelettes musqués ! »

Charles Baudelaire, Danse macabre (extraits), Tableaux parisiens, Les Fleurs du Mal
Poème dédié au sculpteur Ernest Christophe.

© Clément | 2017