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Mama Africa
1986 - 1985
Je lève les yeux vers Mama Africa, toute entière tendue en ce geste maternel, qui tout à coup bascule dans l'extrême douleur... Violemment contractée, dans un pénible et terrible état de rétention elle secrète, dans ce mouvement même, ses propres fissures comme autant de blessures mais aussi d'ouvertures par où s'échappe le cri muet...
Ce déchirement paradoxal est un acte de violence et le rompt. Ce mouvement de destruction est une opération pour que s'ouvre une porte, pour que naisse une voix autre, pour que se dessine une forme que la Raison n'aurait jamais pu commander... Le moment du temps créateur est là, en ce lieu d'extrême brûlure, de destruction acide, qui saccage la belle unité de l'inséparable, dans l'irréparable cri qui se révèle évidence.
E. Artaud, extrait de la préface à l'exposition Mama Africa, galerie Nota Bene, Paris 1986